Notice
Historique
Concernant
La
Dévote et Royale Compagnie
des
Pénitents Bleus de Montpellier.
La
grande majorité des Confréries de pénitents s’est développée à partir de la
Contre-réforme. Cette institution s’est installée dans les mœurs
languedociennes et provençales à compter de cette période, mais elle remonte à
des temps plus anciens, ce qui est le cas de La Dévote et Royale Compagnie des
Pénitents Bleus de Montpellier.
La naissance de la
Confrérie, remonte à 1040, période à
laquelle Arnaud premier occupait le siège épiscopal de Maguelonne.
Il existait alors,
hors des murs, à l’ouest de la ville, dans la zone aujourd’hui occupée par
l’institution « La Providence » et le nouveau jardin public
créé entre le boulevard Clemenceau et la rue Chaptal, un vaste
cimetière dans lequel quelques illustres
personnages furent inhumés (tel Placentin illustre fondateur de l’Ecole de
droit le 13 février 1192) et un établissement hospitalier, La Charité Saint Barthélemy.
L’église des Saints Barthélemy et Cléophas (le
corps de Saint Cléophas, l’un des pèlerins d’Emmaüs, fût porté en sa ville par
Guilhem V de Montpellier revenant de Terre Sainte) fut édifiée pour desservir l’hôpital et le
Charnier de la Charité Saint
Barthélemy.
Monseigneur Arnaud
évêque de Maguelonne affecte alors, une chapelle particulière, la chapelle Saint Claude, à une association
laïque, qui desservait l’hôpital et qui était également chargée d’offrir à Dieu
des prières pour les âmes des personnes inhumées dans le charnier.
La confrérie sous
divers noms, Saint Claude du Carnier, Charité Saint Barthélemy, Notre Dame et
Saint Claude du charnier Saint Barthélemy, Saint Claude, remplit sa mission sans incident notable pendant cinq siècles.
Les services
qu’elle rend sont appréciés de tous. De nombreux fidèles et non des moindres
vont à elle.
Ainsi Guilhem V,
seigneur de Montpellier et ses deux fils.
La Confrérie
recueille de nombreux legs, notamment de Monsieur Guillaume de Saint Félix,
seigneur de Montpezat, et finit par
acquérir une telle importance, qu’elle peut construire, pour elle seule, au XVe
siècle une grande église, à côté de Saint-Barthélemy, Notre Dame du Charnier et
Saint-Claude.
Monseigneur Jean de
Bonail, évêque de Maguelonne, consacre la nouvelle église en 1481 et donne à la
Confrérie ses premiers statuts.
L’église comporte
huit chapelles consacrées à Saint Claude évidemment, mais aussi à la Sainte
Vierge, à Saint Michel, à Saint Antoine, à Saint Ferréol, à la Sainte Vraie
Croix, au Saint Sépulcre et à Saint Jean .Le six août 1487, le pape Innocent
III accorda même des indulgences aux fidèles qui visiteraient les autels des
chapelles de la Sainte Croix et du Saint Sépulcre !
Mais voici venir le
temps de la colère …
La ville de
Montpellier dont la prospérité ne s’était pas démentie durant tout le
Moyen-âge, va connaître, avec les guerres de religion de très graves désordres.
Les protestants constituent dans la cité un parti nombreux et puissant et par
deux fois, sous la régence de Catherine de Médicis, ils vont dévaster églises
et chapelles. En 1568 ils pillent et rasent « à fleur de
terre », selon l’expression des chroniqueurs d’alors, la soixantaine
d’édifices religieux de la ville.
L’église Notre Dame
du Charnier ne fait pas exception.
Ces troubles
dureront autant que le siècle. Les pénitents, privés de leur église, réduits à
se cacher, durent cesser toute activité.
La proclamation de
L’Edit de Nantes ramena la paix quelques temps dans la cité.
Monseigneur Guitard
de Ratte, évêque de Montpellier (depuis le règne de François Ier, les évêques
s’étaient transportés de l’ancienne cité de Maguelonne à Montpellier), rendit
une ordonnance le 20 septembre 1601, qui en attendant que la nouvelle église
Notre Dame des Tables fût relevée, permit à l’ancienne confrérie Saint Claude
de continuer ses offices dans celle de Saint Firmin.
Postérieurement, la
Confrérie exerça le culte dans le collège du pape, près de l’actuelle place de
la Comédie où demeuraient alors les Cordeliers.
Pour faire cesser
cette situation précaire, la Confrérie Saint Claude obtint la
permission de la part des religieux de la Trinité installés en l’église Saint
Paul, de faire construire, à ses frais, une chapelle sous l’invocation de Notre
Dame et de Saint Claude.
Hélas, sous le
règne de Louis XIII, les Réformés se révoltent à nouveau, et entreprennent le
saccage et la démolition de toutes les églises. Les suites du « Harlam» (du nom néerlandais
de pillage) de 1622 furent évidemment dramatiques pour les confrères et les
Trinitaires.
Saint Paul fut
détruite et la Confrérie se trouva de nouveau sans asile religieux.
Après la mise au
pas de Montpellier par Louis XIII, les Trinitaires reconstruisent Saint Paul, un
nouveau contrat est conclu par la Confrérie le 27 avril 1625, pour l’occupation
d’une Chapelle en échange « d’arrérages, usages, rentes et pension ».
Comme l’écrit si
joliment Guilhem Secondy, « à la façon de naufragés sans cesse
portés de rivages en rivages, » les confrères ont « bel et bien
conscience que le retour à l’emplacement originel serait idéal . Le domaine de
Saint-Barthélemy est pour eux synonyme d’âge d’or » et de liberté
retrouvée. Ce dernier est pourtant dans un triste état, « ses ruines
désertes furent démolies et les pierres furent transportées autour de la ville
pour y construire des bastions. »
Le cimetière avait
été profané, Gariel nous rapporte que les démolisseurs exhumèrent le corps de
sa sœur « parce qu’elle avait été enterrée avec une bague en or aux
doigts ».
Mais voici qu’enfin
les vœux de la Confrérie purent enfin être exhaussés. A la demande des
habitants de la ville, les Carmes déchaussés vinrent fonder un établissement à
Montpellier.
Le 23 Juin 1663, la
Confrérie délibéra, afin de leur permettre de bâtir leur couvent et église,
dans le cimetière Saint-Barthélemy, avec faculté de se servir des pierres
de démolition du vieux bâtiment. De leur
côté, les Carmes s’étaient obligés à fournir à la Confrérie, une
chapelle, « à son choix, dans le corps de l’église, lorsqu’elle
serait construite, dont elle jouirait en propriété, pour y faire le service
divin, comme bon lui semblerait ».
Le 12 octobre 1707,
Monseigneur de Colbert consacra la nouvelle église. Curieusement, contrairement
à l’accord initial, les pénitents prennent pour lieu de culte, la chapelle « où
les religieux avaient fait le service divin pendant la construction de leur
église ».
Elle est décrite
comme « une simple salle voûtée située à l’entrée du cloître »,
à l’emplacement exact de la chapelle construite en 1481 .Comme le précise
G. Secondy c’est le souci d’indépendance et le souhait de perpétuer les
exercices pieux, à l’endroit même où ils le faisaient par le passé, qui
poussèrent les confrères à préférer ce lieu.
Selon le sociologue
et historien Guy Laurens, outre l’aide aux malades et l’accompagnement des
mourants, les pénitents de la Confrérie, (et ce droit se serait maintenu lors
du changement de statuts en Pénitents Bleus),
avaient, à cette époque « le privilège d’obtenir la grâce
des condamnés à la pendaison, s’ils parvenaient à couper la corde à temps, en
déjouant la surveillance des forces de police».
La cohabitation
avec les bons Carmes n’alla pas sans désagrément.
Ces derniers
reprochèrent notamment aux confrères leur zèle outré, mais aussi de choisir
pour leurs chants « l’heure de méditation ou celle du repos ».
De leur côté les
confrères reprochaient aux religieux de
transformer une partie du cimetière en potager …
La querelle de
clochers s’envenima. Une action en justice fut intentée par la Confrérie, pour
le potager, devant le Parlement de Toulouse en août1744.
Elle était encore
pendante à l’époque de la suppression des ordres religieux ! La lenteur de
la justice n’est donc pas un problème purement contemporain…
Les Carmes quant à
eux, assignèrent les pauvres pénitents, sur la base des troubles causés par le
caractère ostentatoire des cérémonies de la Confrérie…
Le 9 avril 1745, la
Cour de Montpellier contraint la Confrérie à ne faire dire que des messes
basses, ce dont elle ne put évidemment se contenter !
Le retour de la
Confrérie « intra muros » constitue le début d’une nouvelle
ère.
Laissant derrière
elle, aux Carmes déchaussés, la séculaire Chapelle Saint Claude et le
cimetière Saint Barthélemy, la Confrérie comprend qu’une partie de son histoire
est tournée.
Monseigneur Lazare Berger de Charancy, trouva légitime ce
désir de retour en ville et pour bien souligner le fait, que la Confrérie
n’avait plus de part au service du charnier, il décida de transformer l’antique
Confrérie de Saint Claude, en Dévote Confrérie des Pénitents Bleus.
L’ordonnance épiscopale date du 20 février 1746.
Le choix de la
couleur bleue, peut s’expliquer par l’influence du rayonnement de la Confrérie
des Pénitents Bleus de Toulouse, mais aussi parce que la Confrérie était royale
et qu’elle avait accueilli, Louis XIII et Louis XIV.
En outre, les couleurs ont une symbolique
propre :
«Le noir couleur de
deuil et des larmes exprime la Sainte tristesse, qui accompagne la pénitence.
Le bleu, couleur du ciel, révèle la consolation qu’elle engendre. Le blanc
couleur d’innocence, la pureté qu’elle acquiert. Le gris couleur de travail, la
mortification qui la suit. »
Ce Changement de
statut provient aussi de l’augmentation du nombre de pénitents entre 1743 et
1746.
Une soixantaine de
nouveaux membres adhèrent en trois années, alors que cinquante sept adhésions
sont recensées entre 1727 et 1743.
Un an après
l’ordonnance, le Parlement de Toulouse, par acte du 5 Juillet, valida la
constitution des statuts, fixa la forme du sceau de la Compagnie et de ses
armoiries et lui concéda le nom de « Royale ».
Le blason de la
Confrérie des Pénitents bleus de Montpellier qui est mi-partie, porte à gauche
une fleur de lys, qui est de France, et à droite un demi-besant de gueules, qui
est de Montpellier. Au chef d’or, chargé d’une Croix de gueules, qui est du
verbe incarné. La couronne en épines, l’écu accolé de deux lys, derrière lequel
deux ossements en sautoir, avec cette légende :
« Christo et Regi, egenis et
defuncti »
La Confrérie connut
alors un demi-siècle de tranquillité et put se croire revenue à l’époque bénie
de ses origines.
Elle acheta aux sœurs
Poujol, un ancien Jeu de Paume, qui jouxtait la tour de La Babote et s’étendait
parallèlement au mur de la ville, (côté de l’actuel boulevard Victor Hugo),
jusqu’à la rue dite du Jeu de Paume et qui devint alors la rue vieille des
pénitents bleus (plus tard rue Fourfouillère et actuellement rue Diderot).
La Confrérie
construisit sur ce terrain une très belle chapelle, non sans que sa voisine la Société Royale des Sciences, qui
occupait la tour de La Babote, ne s’en émut. Le chœur de la nouvelle église
touchait, en effet, la partie nord de l’observatoire, si bien qu’il était
nécessaire de traverser le vestibule de la chapelle pour accéder à la tour. D’autre part, le clocher gêna la vue
des savants astronomes, en masquant les fenêtres ouvertes du côté nord. D’où un
procès de trente ans entre la Confrérie des Pénitents Bleus et la Société Royale de Sciences.
L’épilogue en fut la construction d’un étage supplémentaire de la Tour, dont
les pénitents payèrent la plus grande partie .Après quoi, ils purent jouir
paisiblement de leur immeuble ainsi que du rez-de-chaussée de la Tour.
La nouvelle
chapelle fut de la part des Pénitents l’objet des soins les plus pieux et les
objets d’arts s’y accumulèrent.
Un magnifique
Christ en marbre blanc de Carrare, ainsi qu’une figure de Sainte Marie-
Madeleine au pied de la Croix, avec, en fond, la ville de Jérusalem, en marbre
de Portor et jaune de Naples fut commandé en 1772, à un sculpteur de Carrare,
prêtre de son état, Dom Cibei. L’absence de la Vierge s’explique par le fait
que les Pénitents avaient une vénération toute particulière pour
Marie-Madeleine, qui est ici seule représentée.
Il coûta quatre
vingt mille livres, soit environ quatre mille journées de travailleurs
ordinaires.
Dom Cibei fut un
sculpteur très connu en Italie et à l’étranger, et plus particulièrement dans
la région de Pise, certaines de ses œuvres ornent des églises de cette ville,
notamment l’église Saint Sylvestre, d’autres se trouvent au palais Menchikov à
Saint-Pétersbourg.
Ce Christ est
toujours placé au fonds du chœur de la nouvelle chapelle, après avoir connu
moult avatars.
Le Christ et ses
accessoires, arrivés par la voie de mer, les canaux des étangs et du Lez, fut
mis en place le premier avril 1773.
Pendant la
révolution il fut caché par des Confrères au péril de leur vie .Il fut ensuite
installé dans une des chapelles de la Cathédrale Saint Pierre.
Le 12 décembre 1816,
Monseigneur Fournier évêque de Montpellier, acquiesça aux vœux et demandes
pressantes de la Compagnie des Pénitents Bleus et consentit à lui remettre le
Christ en Marbre, qui lui avait appartenu, pourvu qu’elle le remplaçât par un
tableau qu’elle possédait. Il s’agissait, en somme, d’un échange à titre
onéreux.
Quelques temps
après on plaça à l’entrée de la
chapelle, deux grandes coquilles « bénitiers », pour servir d’eau-bénitiers, que la Compagnie
devait aux largesses de Monsieur
Philippe-Laurent de Joubert, ancien président à la cour des comptes,
aides et finances de Montpellier et trésorier des Etats du Languedoc. Ce
dernier était un proche de l’Intendant Nicolas Lamoignon de Basville lequel
s’est illustré par la mise en œuvre, au nom de Louis XIV, de la répression
contre les calvinistes du Languedoc.
Or, pour la petite histoire,
Philippe Laurent de Joubert était un descendant de Jean Joubert, médecin,
gendre de Rondelet et successeur de celui-ci dans sa chère professorale. Grand
collectionneur, il avait amassé, avant 1580 divers « objets
exotiques » et antiquités, lesquels furent mis au pillage par le très
catholique connétable de Montmorency…
Tout ne disparut
pas cependant.
Ces deux bénitiers
restent donc des témoins muets de ces temps, si peu cléments et si peu
œcuméniques.
En 1780, au regard
des maladies de peau occasionnées par le colorant bleu des « sacs »
des pénitents, ceux-ci furent autorisés par Monseigneur Malide évêque de
Montpellier, à porter un sac de toile blanche, avec camail bleu, croix de drap écarlate,
à bras égaux de six pouces, du côté gauche sur le cœur et une ceinture de fil
bleu.
Cette tenue est
toujours celle des Pénitents pour les cérémonies, processions et autres
manifestations, telle la Maintenance des Pénitents de France.
La Confrérie
retrouva, alors son prestige d’antan et les plus illustres personnages tinrent
à en faire partie, parmi lesquels il est à noter le maréchal de Richelieu,
l’archevêque prince de Cologne, « Monsieur » futur Louis XVIII,
le duc et la duchesse de Parme, le cardinal Jean Théodore, prince-évêque de
Liège, le cardinal de Bernis archevêque d’Albi qui fut Prévôt de la Confrérie, le
duc de Lorraine qui lui succéda à cette charge et tant d’autres dont les
archives ont conservé le souvenir, célèbres ou inconnus puissants ou
misérables, tous confondus sous le même sac et unis par une foi commune.
Dans son excellent
mémoire sur la Confrérie, Guilhem Segondy a mené une étude sociologique très complète, sur cette époque,
qui démontre que toutes les couches de la société étaient équitablement
représentées, au sein de la Confrérie.
Si les artisans ont
une prépondérance certaine (23%), que leur importance dans la cité justifie,
les bourgeois (13%), le clergé (10%), la noblesse (15%), les marchands et les
professions libérales y sont également bien représentés (11%).Un grand nombre
de confrères n’ont pas mentionné de profession à leur entrée, était-ce un choix
délibéré ou ne travaillaient-ils pas réellement ?
Un constat émane
néanmoins de cette étude, la Confrérie n’imposait aucune ségrégation.
Mais voilà de
nouveau le temps des difficultés.
La Révolution
française allait interrompre pour quelques années cette trop paisible
existence. Les Assemblées révolutionnaires résolurent de façon relativement
expéditive le problème religieux.
La Confrérie est
dissoute, son Grand Prévôt, Jean-Jacques Durand, maire de la ville, Président
de la Cour des Aides, décapité quelques jours avant la fin de la Terreur.
Les pénitents
dispersés, leur chapelle confisquée et vendue comme bien national. L’acquéreur,
un certain Bimar, spéculateur, en entreprend immédiatement la démolition, en
même temps qu’il fait ouvrir la porte sous la Tour de la Babote (laquelle
n’était qu’une tour d’angle), pour accéder à ses entrepôts.
Quelques œuvres
d’art sont sauvées, ciboires, bâtons de pénitents, une magnifique croix en
argent massif de Lafoux, des tableaux et le Christ de Dom Cibei.
L’orage s’apaise
assez vite et, dès le Consulat, plusieurs membres de la Compagnie, restés en
contact clandestin, se réunirent dans la chapelle de l’hôpital Saint Eloi, la
plupart revêtus de leur sac ; ils célébrèrent solennellement, le 6 juin
1802 la fête de Saint Claude.
Les confrères
fondent une société par actions et achètent une très belle chapelle, celle des
religieux de la Merci, aujourd’hui l’église Sainte Eulalie, proche du Peyrou
qui était depuis la Révolution…un entrepôt.
L’église est
« réconciliée » le 2 avril 1803, au cours d’une cérémonie solennelle,
présidée par Monseigneur Rollet évêque de Montpellier, les Pénitents y
transportent leur siège.
Le 25 décembre
1803, la Compagnie reçoit S.E. Ferdinand-Joseph-Herman-Antoine Hompese, dernier
Grand-maître de l’ordre de Malte, chassé de son île par Bonaparte, après avoir
refusé de combattre les troupes françaises, parce que chrétiennes. Mort à
Montpellier, sa dépouille mortelle fut déposée, le 14 mai 1805, dans l’un des
caveaux de l’église des Pénitents Bleus.
Le 14 décembre 1817,
la Compagnie de Pénitents gris d’Aigues-Mortes est affiliée à celle des
Pénitents Bleus de Montpellier.
La ville étant sans
paroisse de ce côté de la cité, pour faciliter l’exercice du culte, la
Compagnie mit gratuitement sa chapelle, à la disposition de son évêque .Il fut
convenu que la Confrérie, tout en gardant la propriété de l’édifice dans son
entier, se contenterait pour son service, d’une chapelle.
1830, la Monarchie
légitime est emportée.
Le curé de Saint
Eulalie, à la requête des nouveaux pouvoirs publics, entend célébrer un office
pour les victimes des journées de juillet.
Les pénitents, qui avaient quelques raisons de se
méfier des « révolutions », s’y opposent.
D’où un conflit
aigu avec le curé d’abord, mais aussi entre les différents actionnaires et l’évêque,
qui suspend la confrérie pendant cinq ans.
De nouveaux procès,
qui iront jusqu’en cassation. La Compagnie gagne, mais décide malgré ce, de
vendre sa chapelle aux enchères.
Ce fut la ville de
Montpellier qui l’acheta.
Pour la cinquième
fois au cours de leur longue histoire, les Pénitents Bleus de Montpellier se
trouvaient sans abri.
C’est alors qu’ils
achetèrent en 1844, un terrain à l’angle de la rue des Etuves et de la rue Loys, tout à côté de l’endroit où ils
avaient édifié leur chapelle en 1746.
Ils y bâtirent, en
1845, la chapelle qui les abrite toujours. Cette chapelle dessinée par Homère
Lazard (architecte et entrepreneur montpelliérain qui se distingua par la
percée de la rue Saint Guilhem), est de
style « néogothique troubadour » (1845-1909).
C’est d’ailleurs la
seule construction non remaniée de ce style, qui nous soit parvenue à
Montpellier.
Cette chapelle
abrite de très belles œuvres, dont le Christ en marbre de Dom Cibei , les
deux coquilles servant de bénitiers rendues, en 1816, par Monsieur le comte de
Floirac, préfet de l’Hérault, alors qu’elles étaient déposées depuis la
Révolution au musée des arts , un tableau peint par Antoine Ranc, (à ne confondre avec son fils Jean,
comme indiqué faussement sur le tableau, peut être parce que ce dernier,
peintre officiel de la Cour d’Espagne avait un prénom plus prestigieux…) représentant
Jésus sur la Croix, d’un côté la Sainte Vierge, de l’autre Saint
Pierre et Saint Paul, un tableau de Mignard , copie d’une œuvre de Guido Reni,
dit « le guide » (1575-1642), et d’autres œuvres qui ont été classées
à l’inventaire complémentaire des monuments Historiques.
La chapelle abrite
également dans sa crypte, la dépouille embaumée de la comtesse Albine de Montholon.
Etrange destin, en effet, que celui de cette femme exilée volontaire avec son
mari et ses enfants, sur la petite île de Sainte Hélène située dans le sud de
l’Océan Atlantique aux côtés de L’Empereur déchu. Issue de la petite noblesse
de province, Albine de Vassal était la fille du receveur général des finances
du Languedoc, lequel possédait le château de la Fertelle, près de Montpellier.
Ruinée, à son retour de Longwood, par la faillite de son mari Charles Tristan
de Montholon, Albine s’était réfugiée à Montpellier, où elle avait gardé de
nombreuses attaches familiales. Elle meurt en mars 1848, au cours d’un bal
donné en l’honneur de ses petits enfants.
Mais la vraie
richesse de cette Chapelle réside dans le fait, qu’elle est constamment ouverte
à la piété des fidèles, qui viennent notamment prier Sainte Rita et le Padre
Pio et ce, grâce à la disponibilité et au dévouement de pénitentes et de
pénitents, qui perpétuent ainsi l’œuvre de Charité entamée par la Confrérie il y a de cela, plus
de mille ans.
La Dévote et Royale
Compagnie des Pénitents Bleus de Montpellier, ne vit aujourd’hui, que grâce aux
dons et legs qu’elle reçoit, elle ne perçoit aucune aide des collectivités
publiques.
La Dévote et Royale
Compagnie des Pénitents Bleus de Montpellier, est composée, aujourd’hui d’une
trentaine de pénitents.
Son Grand Prévôt en
est Monsieur Xavier Dussol.
Montpellier, le 17
mars 2008
Philippe Becqué,
Vice Prévôt
Chapelle des Pénitents Bleus – 1 rue LOYS – 04 67 60 68 09